Chaîne de production

ou Je m’appelle Marguerite

Je m’appelle Jacques Pellerin et j’ai lancé l’opération qui va changer le monde. J’en suis fier et je suis persuadé de son bien-fondé. C’est une nouvelle aire qui commence.

Il s’appelle Jacques et est content

Il a lancé l’opération

Qui dans moins d’un an maintenant

Lui vaudra sa réélection

Je m’appelle Jeremy Forant et avec mon team, j’ai conçu la commande. Ce fut très complexe mais nous y sommes arrivés malgré les nombreux obstacles rencontrés… Une telle demande du gouvernement ne pouvait pas échouer.

Jeremy est vraiment heureux

Il a accompli sa mission

Il s’en est fallu de très peu

Mais à la clé, y’a la promotion

Je m’appelle Jean Lacombe et je suis métallo comme on dit. On n’a jamais eu à fabriquer une telle pièce, d’une telle ampleur et d’une telle importance, mais on la fait ! Bon Dieu, on l’a fait !

Jean et son équipe sont très fiers

Malgré de strictes conditions

Ils ont façonné la matière

Et ont trouvé les solutions

Mon nom est Marc-Henri de la Buissière et j’ai pu voir l’engin et constater sa perfection. Il répond à toutes nos attentes et au-delà. Je vais de ce pas valider l’ordre de son lancement.

Marc-Henri prit son téléphone

Et lança avec émotion

Ce qui serait pour l’homme

Une nouvelle évolution

Je m’appelle Paul Tribet et c’est moi qui me chargerai demain du lancement. Quelle responsabilité quand on connaît les conséquences. Je me promets d’être à la hauteur de l’instant ! Je ne peux pas échouer. Il en va de l’avenir.

Paul est inquiet mais très confiant

Demain il écrira la chanson

Il aura le cœur palpitant

Mais la gloire portera son nom

Je m’appelle Augustin et j’ai huit ans. Je suis seul à la maison avec maman et son gâteau est délicieux. Je sais qu’elle me dira non mais je lui demande encore un morceau, c’est tellement bon… Maman me regarde et me dit en souriant : « Je ne pense pas que c’est raisonna…

Augustin adore le gâteau

Même encore plus que les bonbons

Il en mangerait des monceaux

Mais souvent sa maman dit non

Je m’appelle Marguerite… Enfin, « on » m’appelle Marguerite : c’est un crétin de l’aéroport qui a peint ça sur moi et je ne sais pas pourquoi ! C’est mon grand jour. Je croyais que ça n’arriverait jamais tellement ce fut long. Mais l’impression est incroyable : le froid, la pureté de l’air et ce ciel bleu à l’infini… Puis la vitesse aussi et cette sensation de voler…

Marguerite n’en pouvait plus d’attendre

Et enfin, elle sert la nation

Et peut réduire cette ville en cendres

D’une simple détonation

Augustin est surpris. Ce grand boum et puis plus rien… Plus de gâteau, plus que du gris… Maman est là aussi… Et elle brille de mille lumières. Il regarde ses mains et lui aussi brille comme un diamant. Sa maman s’approche de lui et le prend dans ses bras chauds et lumineux et pose un baiser sur son front… Et c’est encore meilleur que le gâteau. Une sensation infinie. Et il sait qu’il peut en reprendre pour l’éternité.

Augustin se sent très heureux

Il ne doit plus faire attention

Avec maman, ils sont à deux

C’est doux… et c’est chaud… et c’est bon…

Moralité : personne ne peut dire qu’il ne savait pas dans la chaîne de production. Ce n’est jamais l’action d’une seule personne même si l’Histoire souvent l’accuse. Il n’est que le déclencheur et toujours des esprits simples le suivent sans discuter. Obéir aveuglément est la pire des choses. Gardons le sens critique à tout moment, ne croyons personne par facilité ou par confort, et comme le disait Léo Ferré : « N’oublie pas, dis-toi bien une chose, le pouvoir, d’où qu’il vienne, c’est vraiment de la merde ! »

Je m’appelle d’un nom de ce monde

Promettez-moi, sans concession

Que quoi qu’il arrive dans ce monde

De toujours vous faire votre opinion

Toujours vous faire votre opinion

Votre propre et unique opinion

Michel

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